Appel à contributions numéro 5 (archives)

Appel à contributions pour le numéro 5:

L’apprentissage : entre initiation et expérience, quel rapport à la connaissance?

Longtemps opposé à l’éducation intellectuelle, l’apprentissage a d’abord désigné la formation professionnelle auprès d’un maître. Celui-ci s’engageait à nourrir et loger son apprenti, qui n’était pas rémunéré, et était responsable de son éducation morale. Jean-Jacques Rousseau, qui a lui-même été apprenti graveur, voit dans cette expérience la meilleure pédagogie possible pour apprendre à l’enfant à développer ses qualités et à les mettre au service de la société. Au sens figuré, l’apprentissage désigne tout type d’initiation ou d’expérience qui amène à un savoir, un savoir-faire, ou une meilleure conscience de soi ou du monde.

Comment appréhender aujourd’hui la question de l’acquisition des connaissances? Pour ce cinquième numéro de la revue Traits-d’Union, nous questionnerons la notion d’apprentissage au sens large, qu’elle désigne la formation à une pratique, un savoir ou la confrontation à une épreuve. Au moment où se prépare une nouvelle réforme de l’Université, il nous paraît légitime d’interroger les processus d’acquisition et les méthodes de transmission d’un savoir et d’un savoir-faire, aussi bien dans le cadre de leur organisation institutionnelle que dans leurs rapports à l’expérience. La polysémie de ce dernier terme, qui peut désigner aussi bien l’expertise dans un domaine que les connaissances acquises par l’observation ou les sens, ou encore la tentative de vérification d’une hypothèse pourra également être étudiée.

Dans quelles mesures l’expérience est-elle le résultat de l’apprentissage ou participe-t-elle à son processus ? Qu’est-ce que devenir un expert et quelles stratégies permettent d’y parvenir?

Ce thème de recherche soulève des problématiques spécifiques mais complémentaires selon les disciplines :

L’école apparait souvent comme le lieu privilégié des apprentissages ; il s’agira de s’interroger,en sciences de l’éducation, sur la pluralité de cette notion en milieu scolaire. Si les programmes insistent sur les savoirs fondamentaux par disciplines, il ne faut pas oublier que l’école est aussi un lieu de vie, d’accès à l’autonomie, à la vie en collectivité, au respect des règles, à la gestion de ses émotions, à la prise de confiance en soi. D’autre part, il sera pertinent de porter son regard sur la relation maître/élève et son évolution. Les nouvelles technologies bouleversent l’accès à la connaissance et le rôle du premier, qui n’est plus le seul détenteur du savoir. Quelles sont alors les méthodes, les voies privilégiées pour permettre à l’élève d’accéder à la connaissance ? Traiter de l’apprentissage en milieu scolaire, c’est aussi s’interroger sur les modes d’évaluation. Quelle place accorder à l’erreur pour que l’élève progresse sur le chemin de la connaissance et s’épanouisse?

En linguistique, la notion d’apprentissage renvoie tout d’abord à se poser une question des plus fondamentales : quelles sont les origines du langage et comment ce dernier se développe-t-il chez le jeune enfant ? On pourra également s’intéresser aux processus et aux stratégies d’apprentissage en acquisition des langues secondes, ainsi qu’aux dispositifs pédagogiques mis en place pour optimiser la maîtrise de la langue. La question du rôle de l’expérience et de la pratique est centrale aussi bien pour le jeune enfant que pour l’apprenant de langue étrangère tant les contextes de transmission et d’acquisition peuvent différer – on pense au milieu institutionnel, naturel, familial, multilingue, à la collectivité et, bien sûr, à la société en général.

Le thème de l’apprentissage peut aussi s’interroger à travers les diverses pratiques artistiques et culturelles. De nombreuses études s’intéressent aux bienfaits et aux conséquences de la musique sur la santé, la mémoire et la concentration. On constate ainsi que le chant aurait par exemple un intérêt pédagogique dans l’apprentissage de la lecture ou des langues étrangères. Dès lors, comment l’apprentissage de cet art ou l’initiation à la culture peuvent-ils être favorisés ? Sous quelle forme ? Qu’apportent-ils à ceux qui en bénéficient?

De L’Éducation sentimentale à Harry Potter, les voies de l’apprentissage épousent des formes multiples en littérature, à l’image d’une Alice carrollienne qui grandit et rapetisse au fil d’un voyage initiatique tortueux. Innocence et jeunesse sont des pré-requis au genre du roman d’apprentissage. Existe-t-il des schémas alternatifs ? Comment le genre du roman d’apprentissage se déploie-t-il dans l’histoire littéraire ? Au-delà du récit de l’éducation et du parcours d’une jeune personne, la littérature nous offre quantité de personnages façonnés par la thème de l’apprentissage, soit que leur relation au monde, sinon leur métier, soit celle d’un savant ou d’un chercheur (la littérature narrative, mais aussi le théâtre nous en donnent de nombreux exemples), soit que leur relation à l’autre, ou à un autre en particulier, s’apparente à celle du disciple avec un maître, soit enfin que l’œuvre se veuille directement outil de savoir et de connaissance, sachant que cette littérature didactique peut prendre des formes aussi variées que l’essai ou l’apologue…

Dans le champ des arts du spectacle, on pourra s’intéresser aux méthodes de formation de l’artiste qu’elles soient institutionnalisées, au sein d’une école, ou collaboratives, au sein d’une troupe, ainsi qu’à la différence culturelle et disciplinaire des pratiques : quelles sont les spécificités de transmission d’une tradition comme le nô japonais ou de l’enseignement de la jonglerie ? On pourra s’interroger également sur le cas du metteur en scène au théâtre : à la fois lorsqu’il est un pédagogue vis-à-vis de l’acteur, comme Stanislavski, mais également par rapport à son propre métier. Il est à noter que l’enseignement de la mise en scène en France est très récent : faut-il alors considérer que les metteurs en scène ont été et sont pour la plupart des autodidactes ? Enfin, la génétique de la performance pourra ouvrir d’autres pistes de recherche : comment apprend-on un rôle pendant les répétitions et quelle est l’importance de la direction d’acteur dans ce processus?

Le comité de sélection s’intéressera particulièrement, mais non exclusivement, aux propositions d’articles traitant des questions suivantes :

– Quelles sont les formes et processus de l’apprentissage spécifiques d’une pratique ou d’un savoir, qu’il s’adresse à un groupe ou un individu, à des enfants ou des adultes, à des professionnels ou des amateurs ? Comment appréhender plus particulièrement les questions de l’éducation, de la formation, de la transmission ou de l’autodidactisme ? On pourra s’intéresser à la relation du maître à l’apprenti, et à leurs positions respectives.

– Comment appréhender l’apprentissage au regard du parcours individuel d’un personnage de fiction ou d’une personne réelle ? Comment se forge l’expérience personnelle face à l’épreuve, dans la douleur ou le plaisir ? De quelles manières peut-on construire un discours autour de son autobiographie ?

– Quelle est la finalité de l’apprentissage et l’apprentissage a-t-il une fin ? Comment peut-on évaluer les résultats, l’expertise, d’un savoir ou d’une pratique ? Toute formation n’est-elle pas également une déformation et un formatage ? Cesse-t-on d’apprendre un jour ? Comment analyser ou réagir à la question de l’erreur, l’échec ou l’exclusion lorsque l’on aborde cette thématique ?

Les propositions se feront sur abstracts (500 mots hors bibliographie) et sont à envoyer pour le 15 octobre 2014 par e-mail au format .doc à traitsdunion.bdp3@gmail.com .

Mots clés: apprentissage, initiation, formation, stratégies, développement, méthodes, transmission, pédagogie, expérience, connaissance, expertise, évaluations, droit à l’erreur, construction de la personnalité, vivre ensemble.
Appel contribution copyright Aicha

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